Communiqué de presse – Octobre 2022
Crise énergétique : les entreprises face aux incertitudes et hausse de prix
Dans le triptyque des préoccupations des entreprises, on retrouve de manière incessante les problématiques d’emploi, d’approvisionnement et de coût de l’énergie. Ce dernier sujet devient critique car engendrant beaucoup d’incertitudes, sur les coûts et sur la stratégie à adopter.
Il y a une situation d’urgence pour les entreprises qui sont en cours de renégociation de leurs contrats d’Energie, d’ici la fin de l’année voire d’ici quelques jours (avant la fin du mois d’octobre), au titre de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique).
Ces entrepreneurs subissent des injonctions contradictoires sans pouvoir entrevoir où se situe la vérité ou le choix pertinent à adapter entre :
- Le Président de la République qui annonce le 22 septembre qu’il ne faut pas signer les contrats d’énergie, alors que les producteurs et fournisseurs d’énergie rappellent les échéances des contrats avec, selon eux, un prix qui ne baissera pas avec les températures hivernales !
- L’appel à l’accélération de la décarbonation et des transitions et la contrainte de devoir se tourner vers des énergies fossiles (fuel, schiste …) – avec des investissements lourds d’appareils productifs en conséquence – pour pallier le manque d’énergie électrique et le risque de coupures.
Les aides, même aménagées, restent trop contraintes et limitées dans leur cible (moins de 10 salariés – moins de 250 salariés). Or, les tarifs actuels sont exorbitants, touchent toute taille d’entreprise et sont totalement spéculatifs. Les entrepreneurs n’attendent pas un « quoi qu’il en coûte », mais ils ne veulent pas sombrer du fait de mauvaises décisions sur lesquelles ils n’ont aucune influence et qui résultent de l’absence de régulation du marché.
Il est actuellement question de garanties bancaires et de cotation Banque de France prise en compte pour souscrire un contrat d’Energie, c’est de la pure folie !
A date, nous ignorons le format de redistribution des recettes issues du plafonnement du marché des producteurs d’électricité au sein de l’union européenne annoncé par le Conseil européen le 30 septembre. Tout cela risque de mettre du temps à s’organiser. Pire, nous n’avons aucune piste concernant le prix du gaz …
Dans l’attente de mesures formelles, ne faut-il pas permettre aux entreprises contraintes à accepter un contrat d’énergie déséquilibré d’ici la fin du mois, voire d’ici la fin de l’année, de le renégocier avant échéance ? ou prévoir un soutien spécifique pour ces entreprises ?
Certaines entreprises vont devoir prendre des décisions dangereuses pour continuer à travailler et sans pouvoir toujours répercuter toute ou partie des surcouts, il y a urgence pour celles-ci.
Si l’avenir de nos entreprises n’émeut pas toujours, il faut prendre en compte par la même nos emplois et notre économie, qui entrerait alors en récession en cas d’arrêts de production ou pire, de dépôts de bilan.
Par ailleurs, les entreprises industrielles craignent tout particulièrement les délestages, en cas de tension sur le réseau. Le tissu industriel notamment alimentaire serait-il jugé comme stratégique, nous l’ignorons et à défaut, nous le déplorons. Beaucoup de questions surgissent : Selon quelles modalités seront informées les entreprises ? Quels seront les délais pour s’organiser ? De cette prévenance, dépend la sécurité des installations et des machines : cyber, casse, gestion humaine tout particulièrement en cas d’équipes successives.
Au-delà de la communication en amont, la question se pose de la coordination départementale de crise, entre notamment les services de préfecture décidant le délestage, RTE qui en fait application, les services de l’administration amenés à traiter les demandes d’activité partielle.
Les entrepreneurs sont clairement démunis. Nous avions fait preuve de réactivité et d’intelligence collective en période Covid. Tel ne transparait pas, certainement parce que le sujet est particulièrement complexe et qu’il dépasse l’échelon territorial et même national. Toutefois, nous appelons au dialogue, à la coordination et à la prise en compte de ces difficultés si nous voulons collectivement franchir cette nouvelle crise, qui sera durable.
Point positif à souligner, les entreprises « courent » à l’économie de consommation d’énergie (électrique et d’eau, car notre département est toujours en vigilance sécheresse) par souci de rentabilité tout comme par conviction. Les entreprises restent en ordre de bataille !
Nous avons particulièrement œuvré, dès les années 90, sur les programmes européens « Stride » puis « Bretagne Environnement Plus » et poursuit son implication dans l’accompagnement des entreprises à la transition. Ces programmes abandonnés par les pouvoirs publics doivent renaitre pour utiliser l’intelligence collective de terrain.
Le Président du Medef 22, Franck PERRIN-MOREL
Le Président de l’UIMM 22, Christian BLAIS